EDUCATION & FORMATION EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Publié le 28-12-2018

COMMENT CONSTRUIRE LA REUSSITE DE NOS ECONOMIES PAR LES MODELES EXISTANTS

 

Les Etats Africains peinent depuis de longues années à proposer des modèles de formation et d’éducation qui conduisent à la réussite, étape indispensable à tout développement économique. L’Afrique doit investir efficacement dans sa jeunesse en lui donnant une formation adéquate qui lui permettra de se prendre en main. Ainsi, il est important que nous regardions les modèles de formation qui fonctionnement bien ailleurs.

Depuis de nombreuses années, les universités américaines obtiennent les premières places dans les classements internationaux. Cette situation est souvent considérée comme étant liée à la prééminence économique des Etats-Unis alors qu’il s’agit d’une histoire beaucoup plus ancienne concernant la place occupée, de tout temps, par l’éducation dans la culture américaine.

En Europe également, l’Allemagne, première puissance économique avec un PIB en constant progrès et un chômage résiduel de 4%, repose en partie sa croissance sur le dynamisme de ses PME majoritairement dirigées par des Cadres (salariés ou propriétaires) n’ayant pas réalisé de longues études universitaires mais des formations professionnelles après le premier cycle secondaire (Niveau Bac à Bac + 2 max).   

A Singapour, là encore très tôt, le choix des Leaders s’est porté sur des formations techniques suffisamment pointues. Aujourd’hui, ce pays insulaire affiche l’un des taux de croissance annuel les plus élevés au monde (9 - 10%) avec un chômage quasi inexistant (inférieur à 1%) fondés sur un modèle de formation où l’éducation devient une affaire d’honneur et de prestige familial.

En Afrique sub-saharienne, l’un des plus édifiants exemples de réussite est celui du Rwanda où, après le génocide, ses Dirigeants ont fait de l’Education couplé aux TIC un axe majeur de la stratégie de développement de leur pays. Aujourd’hui, Le Rwanda est un des rares pays en Afrique à réaliser un taux de scolarisation supérieur à 90%. Pour modèle, la formation ludique dans les centres préscolaires est faite à partir des outils TIC de telle sorte que ces futurs étudiants seront constamment à l’avant-garde du progrès et par conséquent, en mesure d’explorer toutes les potentialités qu’elles offrent.

 

 

 

Pour l’essentiel, la stratégie de l’éducation en Afrique reste floue. Ni la vision ni le leadership dans ce domaine ne sont clairement exprimés. A partir donc de ce qui précède, nos équipes en charge des problématiques d’éducation proposent les axes de progrès ci-après listés :

  1. De la multiplication des écoles professionnelles de qualité

Les investissements publics doivent davantage être dirigés vers les formations professionnelles de courtes durées (Bac ou Bac +2) dans les principaux domaines de nos économies (agriculture, pêche, bâtiments, artisanat, etc.) car les gisements de croissance s’y trouvent. Les emplois issus de ces formations pratiques contribueront à la formalisation de nos économies au regard des taux actuels très élevés du secteur informel (environ 80%). En Côte d’Ivoire par exemple, premier pays exportateur mondial de cacao, il n’existe aucun centre de formation dédié aux métiers de la culture et de la transformation du cacao.

A l’inverse, en Tunisie, la stratégie porte sur l’identification préalable de secteurs prioritaires à forte potentialités économiques, l’établissement de centres de formation professionnels liés à ces secteurs et enfin l’accompagnement du système bancaire et de l’Etat afin de former et créer les futures classes d’entrepreneurs. L’éclosion des secteurs du cuir et du montage d’équipements industriels dans ce pays sont des modèles de réussite de cette stratégie intégrée.

  1. Du nécessaire rapprochement des centres de formation du monde des affaires

Nos Universités ne doivent pas vivre en vase clos. Les futurs diplômés ont besoin de travail ou doivent être capables de créer leurs propres entreprises. Les Organisations professionnelles et les Patronats doivent être étroitement associés aussi bien pour la définition des curricula, la dispensation des cours que pour les équipes de direction de ces écoles. Cela aura un coût important mais nécessaire pour sortir des sentiers non performants. Nos études révèlent que les étudiants issus des filières professionnalisées s’intègrent plus facilement en entreprises. En Côte d’Ivoire, un Diplômé de la filière professionnelle Maitrise des Sciences et Techniques Comptables & Financière (MSTCF) trouvera plus rapidement un emploi que son collègue de la filière générale. En effet, le Diplômé MSCTF bénéficie tout au long de son cursus d’enseignements pratiques dispensés par une large audience de professionnels que sont les Experts Comptables, les Directeurs de grandes sociétés, les fiscalistes d’entreprises etc….  

 

  1. De l’accueil des savants étrangers, du retour et de l’implication des hauts talents de la Diaspora Africaine

Aux Etats Unis, une politique d’immigration très ouverte a largement favorisé l’accueil d’une multitude d’éminents savants étrangers. Ils ont en effet largement contribué à élargir le potentiel scientifique des universités américaines, où leur ont été offertes des conditions de travail particulièrement attractives. Il faut s’en inspirer. Combien sont les Universités ou Grandes Ecoles Africaines qui ont offert quelques heures de curricula aux Experts Africains travaillant dans les grandes institutions et compagnies à l’étranger. Les Universités Occidentales & Américaines invitent régulièrement des élites mondiales à dispenser des sessions à leurs Etudiants. Les apprenants ont besoin de modèles et d’exemples. En conséquence, il importe d’intensifier la participation des élites telles que les hommes d’affaires et les Experts reconnus dans leurs domaines, des institutions de développement (BAD, Banques Centrales, SFI, Banque Mondiale...) à l’animation de conférences sur nos Campus.

  1. Du rôle des ensembles régionaux

Le coût des investissements en matière de formation est parfois élevé à l’échelle des Nations prises individuellement. Il importe d’examiner avec plus d’attention les solutions régionales. Antérieurement, il a existé des écoles de formation supérieures régionales comme celle de l’électricité en Côte d’Ivoire (ESIE).  Cette école a naguère formé une grande partie des Dirigeants actuels des compagnies d’électricité en Afrique.

Depuis la disparition de la compagnie Multinationale Air Afrique, il n’y a plus de formation de pilotes dans les zones Ouest et Centre du Continent alors que nous constatons la résurgence de compagnies nationales avec des coûts très élevés du personnel navigant, devenu rare.   

Dans le cadre de la politique d’intégration progressive du Continent, les organisations régionales doivent à présent identifier et créer des centres professionnels de haut niveau dans leurs zones respectives.  

  1. De la Formation comme un Investissement, plus qu’un droit

Le coût des études universitaires est souvent considéré en Afrique comme prohibitif. Les étudiants des pays développés ont vis-à-vis de cet aspect financier, une attitude très différente.

 

Dans leur grande majorité, ils considèrent les études comme un investissement et font largement appel aux prêts bancaires. Si en Afrique, l’enseignement supérieur est un droit, aux Etats-Unis il est analysé comme un investissement. Du fait que ces étudiants d’une part travaillent et, d’autre part, empruntent pour financer leurs études supérieures, ils sont exigeants en ce qui concerne la qualité de l’enseignement qui leur ait offert. En conséquence, ils évaluent leurs professeurs et cela permet incontestablement de relever d’année en année la qualité de l’éducation. 

  1. De l’amélioration du cadre de vie sur les campus dédiés aux Etudiants

En effet, les grands campus à travers le monde disposent d’infrastructures exceptionnelles pour le sport et les loisirs telles que les gymnases, salles de spectacles et même des musées. Par exemple, le musée de l’université Cornell (Etats Unis), dessiné par l’architecte M. Pei qui a construit la pyramide du Louvre (France), abrite une collection de plus de 35.000 œuvres d’art et de pièces de collection. Ces campus dédiés à l’épanouissement intellectuel, physique et social des étudiants proposent un éventail de services qui leur permet une autonomie totale au sein du campus.

Au final, nos propositions, sans être exhaustives nous permettent de conclure sur ce dicton américain « si vous pensez que l’éducation est chère, alors veuillez essayer l’ignorance ». Il urge de réexaminer la vision et le leadership des politiques en matière d’éducation et de formation sur notre continent.

METIERS