Le rôle des PME dans les stratégies de développement de tout pays est indiscutable, en raison notamment de leur capacité à créer des emplois, de leur relative flexibilité et de leur potentiel de création de valeur ajoutée.
Ces PME constituent un vecteur incontestable de croissance économique. Malgré leur poids dans la richesse nationale des différents pays, les PME en Afrique (subsaharienne notamment) ont encore un accès très limité au marché des financements. Selon une récente analyse de la Banque Mondiale, les difficultés d’accès aux financements sont le premier obstacle au développement des PME en Afrique. L’objectif de cette analyse est double. Il s’agit d’une part, de fournir des éléments pertinents permettant de comprendre pourquoi le système financier n’est pas en mesure de répondre aux attentes des PME; et d’autre part, d’exposer quelques solutions pratiques dans la problématique de financement des PME.
D’une façon générale, une P.M.E est une Petite ou une Moyenne Entreprise productrice de biens et / ou services marchands. Dans l’espace Européen, la PME est une entreprise qui doit satisfaire à deux conditions cumulatives sur trois (Moins de 250 salariés, chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’Euros, total Bilan n’excédant pas 43 millions d’euros). Cette nomenclature est partagée par de nombreux pays d’Afrique du Nord. Par contre, en Afrique subsaharienne, la PME est essentiellement qualifiée à partir du chiffre d’affaires et du nombre de salariés. Sera considérée comme PME, toute entreprise qui a un chiffre d’affaires inférieur à 1 milliard Franc CFA et moins de 200 salariés permanents quelque soit le secteur d’activité de l’entreprise.
Dans tous les cas, les PME dominent à plus de 90% les économies africaines. Il y’a donc urgence à les soutenir dans leurs problématiques de financement. Mais d’où viennent les principales réserves des banques et établissements de crédits ?
De nombreuses activités de PME sont lancées sans définition réelle d’une vision stratégique claire. Elles avancent dans le flou sans maîtrise, ni visibilité de leurs activités. En somme, un fonctionnement de type « au petit bonheur, la chance ». Cette situation n’est pas favorable à l’accès aux capitaux. En effet, l’activité bancaire est friande de modèle sûr bien élaboré qui lui permette de mitiger ses risques.
Une autre raison dans la difficulté d’accès au financement des PME est l’absence d’un management efficace et d’un bon système d’information financière. En effet, de nombreux Dirigeants, certes compétents dans leur domaine technique ne se sont pas formés au management d’entreprises. En outre, les banquiers sont régulièrement confrontés à des états financiers irréguliers.
Il est constant que les banques sollicitent des garanties auprès des emprunteurs. Malheureusement, nombreuses sont les PME qui sont dans l’impossibilité totale de faire face à cette exigence; compromettant ainsi toute capacité d’accès au crédit.
Les banques commerciales ne sont pas profilées pour accompagner les PME. Les staffs des banques n’ont pas fourni suffisamment d’efforts pour comprendre le secteur et les actvités des PME. Comment peut on correctement évaluer le risque d’une activité que l’on connaît que très passablement ? Enfin, de nombreuses banques, filiales de grands groupes étrangers ont bâti toute leur stratégie autour des multinationales et des grosses sociétés parapubliques.
Les PME africaines ne sont pas exemplaires dans l’utilisation des facilités qu’elles reçoivent des banques. En effet, de nombreux Dirigeants de PME utilisent à des fins personnelles les financements reçus, mettant ainsi en péril l’exploitation et les investissements de la société.
L’amélioration des conditions d’accès au financement des PME incombe certes à toutes les parties mais davantage aux PME, elles mêmes. Aussi longtemps, qu’elles n’auront pas mis en œuvre les mesures de transformation et d’amélioration interne, elles seront confrontées à cette problématique.
Les PME devraient nécessairement définir une vision stratégique et planifier leurs objectifs de croissance à travers un plan d’affaires minutieusement élaboré pour leurs propres besoins mais également afin de permettre aux banques d’avoir une visibilité de leurs activités. Cette stratégie doit conduire à une utilisation judicieuse des ressources obtenues.
Un bon système d’information assure une production fiable et régulière de l’information financière et comptable. Il est primordial de construire un système d’information efficace afin d’induire des analyses financières fiables lors de la recherche de financement. Un bon système de système d’information passe, entre autres, par une bonne organisation de l’entreprise, une séparation optimale des différentes fonctions, la définition des règles de gestion, des procédures de contrôle interne fiables
Au final, il importe d’examiner avec attention la question du financement des PME sur le continent. De nombreuses PME qui meurent prématurément, le sont non pas d’un déficit de savoir faire dans leur domaine mais de l’insuffisance chronique des fonds propres, de l’absence ou de l’inadaptation du financement de leur exploitation.
Abou-Bakar OUATTARA, Expert-Comptable Diplômé et Directeur Général de Goodwill AUdit & Consulting